16.2.09

Jean-Jacques Bahain, Pierre Antoine : Une préhistoire ancienne et actuelle

QUATERNAIRE ET PRÉHISTOIRE DANS LA VALLÉE DE LA SOMME, 150 ANS D’HISTOIRE COMMUNE

Les découvertes archéologiques et les recherches géologiques menées dans la vallée de la Somme depuis la fin du XVIIIe siècle, notamment sous l’impulsion de Boucher de Perthes, ont eu un rôle fondamental en 1859 dans la reconnaissance scientifique en France de l’existence de l’Homme préhistorique et de sa coexistence avec des espèces animales disparues, en particulier grâce aux interventions de Prestwitch et de Gaudry. Les travaux réalisés au cours des 150 années suivantes par des chercheurs tels que Commont, Breuil et Bourdier ont par la suite permis de préciser sensiblement le cadre stratigraphique des occupations humaines de cette région, où préhistoire et géologie du Quaternaire sont intimement liées.
Après un bref historique de ces recherches, qui restent fondamentales pour les travaux actuels, seront présentés les principaux résultats des travaux récents concernant le cadre géologique, chronologique et paléoenvironnemental des occupations préhistoriques de la vallée de la Somme, l’un des mieux établis au monde pour le dernier million d’années. Ils montrent que le peuplement humain du bassin de la Somme a été fortement influencé par les conditions climatiques et environnementales. Les traces d’occupations humaines anciennes au Pléistocène moyen ancien, caractérisées par des industries acheuléennes évoluées, sont rares et remontent au maximum à 450-500 ka. Pour des périodes plus récentes, l’étude du dernier cycle climatique (Eemien-Weichselien) montre que l’occupation humaine a été discontinue, avec un maximum de vestiges lors des phases de transitions climatiques du Début-Glaciaire, entre 112 et 70 ka. Au cours du Pléniglaciaire inférieur, vers 60 ka, et au cours du Pléniglaciaire moyen, vers 40-50 ka, elle devient rare avant un abandon total de la région entre 23 et 13 ka, lors de la période de sédimentation loessique maximale. La recolonisation de la vallée par les hommes est ensuite observée au début de l’amélioration climatique du Tardiglaciaire vers 13 ka. Ces résultats concernant les relations Homme-environnement au cours du dernier cycle climatique constituent un modèle qui semble pouvoir s’appliquer au Pléistocène moyen récent, malgré le caractère plus ponctuel des données.