19.2.09

Regard croisé sur deux fondateurs de la préhistoire française : Édouard Lartet et Jacques Boucher de Crèvecœur de Perthes

Regard croisé sur deux fondateurs de la préhistoire française : Édouard Lartet et Jacques Boucher de Crèvecœur de Perthes


L’année 1859 apparaît comme une charnière épistémologique de l’histoire de la préhistoire. Cette date marque en effet un glissement réflexif et discursif, glissement qui s’opère tant au plan scientifique qu’institutionnel. En effet, tandis qu’en France les débats sur l’ancienneté de l’homme durent et semblent même s’enliser, la communauté scientifique britannique produit des éléments qui permettent de débloquer les discussions et d’en valider un des principaux chapitres. Ces éléments, elle les tire d’une méthode rigoureuse appliquée à la fouille de certains gisements anglais que viennent compléter les nombreux travaux et observations réalisés dans la Somme par le préhistorien Jacques Boucher de Perthes depuis le premier tiers du XIXe siècle.
Ce dernier, écarté des débats et maintenu en marge des institutions françaises, s’était pourtant fait, depuis ses premières publications à la fin des années 1840, défenseur de l’ancienneté de l’homme. Soutenu et ramené sur le devant de la scène par les plus éminents scientifiques britanniques de ce milieu de XIXe siècle, Boucher de Perthes acquiert depuis lors le statut de fondateur de la science préhistorique en France.
Cette tardive caution en forme d’hommage pour la relative originalité de ses travaux de la part de la communauté préhistorienne française éclipse cependant en partie le rôle majeur qu’ont pu avoir ses prédécesseurs et contemporains. Certains d’entre eux ne sont pourtant pas étrangers à ce processus de reconnaissance. Parmi ces savants relégués par l’histoire au second plan figure Édouard Lartet. Le paléontologue gersois a en effet activement pris part aux discussions et apporté d’importantes pistes de réflexions sur l’ancienneté de l’homme, accompagnant ainsi un autre virage épistémologique, celui d’une refonte progressive de la discipline.
La convergence méthodologique et théorique des travaux respectifs de ces deux savants signe alors ce nouveau visage de la discipline et annonce ses orientations futures.