28.2.09

Boucher de Perthes, sa volonté d’affirmer l’importance de ses recherches dans la vallée de la Somme et la création du Musée de Saint-Germaon (1862)

Boucher de Perthes, sa volonté d’affirmer l’importance de ses recherches dans la vallée de la Somme et la création le 8 mars 1862 du Musée de Saint-Germain-en-Laye
Jean-Pierre Mohen


C’est en effet un décret de Napoléon III, du 8 mars 1862, qui décide de la naissance du Musée de Saint-Germain-en-Laye, nouvelle institution nationale qui reconnaît l’histoire préhistorique et ancienne de plusieurs civilisations d’Europe mais aussi d’Afrique (Égypte), du Proche-Orient, d’Orient, etc… Après huit séances sous la présidence de Claude Rossignol, impliqué dans les fouilles de l’empereur Napoléon III à Alise Sainte-Reine (l’Alésia gauloise), et chargé du nouveau musée, celui-ci présente un projet définitif pour le nouvel établissement en janvier 1866. Le nouveau musée de Saint-Germain-en-Laye devra faire la synthèse des disciplines suivantes : « paléontologie, géologie, minéralogie, archéologie, linguistique, épigraphie, numismatique, céramique, architecture, sciences militaires, mythologie et ethnographie » – Boucher de Perthes était exaucé ! et sa collection si originale provenant des gravières de la Somme, prenait sa place en imposant publiquement le temps long à l’aventure humaine.

Entre-temps, Boucher de Perthes avait remis au Muséum National d’Histoire Naturelle, quelques échantillons représentatifs de ses découvertes : ce sont des bifaces et des éclats en silex souvent reconnaissables aux étiquettes écrites de la main même de leur « inventeur », repérables dans les collections du Musée de l’Homme, créé en 1937 et associé aux autres départements du Muséum conçu par Buffon.

Ainsi Boucher de Perthes, avec sa grande expérience des dépôts fluviatiles et éoliens de la vallée de la Somme, imposait-il sa certitude de l’existence d’un « homme » antédiluvien. Il complétait ainsi le don par Frédéric VII de Danemark, à Napoléon III, d’une collection d’antiquités préhistoriques du néolithique et des âges des métaux de provenance baltique, inscrite dans les premières pages de l’inventaire du Musée de Saint-Germain-en-Laye. D’autres collections prestigieuses vinrent rejoindre le nouvel établissement. La première synthèse du passé très ancien de l’humanité fut rédigée à partir de ces collections, dans un livre intitulé Le Préhistorique par un « chargé de collection » qui venait d’être nommé, Gabriel de Mortillet, l’un des initiateurs des congrès préhistoriques internationaux dont l’actuel UISPP (l’union internationale des sciences pré et protohistoriques) qui se réunit toujours tous les quatre ans. Boucher de Perthes a eu le grand mérite par son intuition et son entêtement, de provoquer la reconnaissance officielle d’une humanité d’origine naturelle et ainsi d’imposer la création du musée national des antiquités les plus anciennes, suscitant par la même occasion une curiosité en France pour les recherches préhistoriques dont l’abbé Breuil est l’une des grandes figures. Celui-ci commença ses recherches à travers le monde (Espagne, Chine, Afrique du Sud, etc.) par l’étude sur place des carrières de la vallée de la Somme.